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À présent, ordonne, Indiana ! Je suis ton esclave, tu le sais bien. Je donnerais ma vie pour une heure passée dans tes bras, mais je puis souffrir toute une vie pour obtenir un de tes sourires. Je serai ton ami, ton frère, rien de plus. Si je souffre, tu ne le sauras pas. Si, près de toi, mon sang s’allume, si ma poitrine s’embrase, si un nuage passe sur mes yeux quand j’effleure ta main, si un doux baiser de tes lèvres, un baiser de sœur, brûle mon front, je commanderai à mon sang de se calmer, à ma tête de se refroidir, à ma bouche de te respecter. Je serai doux, je serai soumis, je serai malheureux, si tu dois être plus heureuse et jouir de mes angoisses, pourvu que je t’entende me dire encore que tu m’aimes. Oh ! Dis-le-moi, rends-moi ta confiance et ma joie, dis-moi quand nous nous reverrons. Je ne sais ce qui a pu résulter des événements de cette nuit, comment se fait-il que tu ne m’en parles pas, que tu me laisses souffrir depuis ce matin ? Carle vous a vus vous promener tous trois dans le parc. Le colonel était malade ou triste, mais non irrité.
Indiana - George Sand
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